
Aung San Suu Kyi, Prix Nobel de la Paix en 1991, ex-dissidente et dirigeante de Birmanie depuis 2016 a été arrêtée par l’armée. Une arrestation qui survient après le coup d’Etat perpétré par les puissances armées du pays.
Un coup d’Etat a été perpétré ce lundi 1er février contre le gouvernement démocratique de Aung San Suu Kyi par l’armée du Myanmar en Birmanie. Les forces armées ont confié le pouvoir au chef militaire Min Aung Hlaing et ont imposé l’état d’urgence pour une durée d’un an, rapporte l’agence Reuters.
La dirigeante du pays, Aung San Suu Kyi, a été arrêtée, aux côtés d’autres membres influents de son parti de la Ligue nationale pour la démocratie (LND), lundi matin. Des détentions en réponse à une « fraude électorale » a déclaré l’armée.
Dans un communiqué publié par la LND, Aung San Suu Kyi a appelé le peuple du Myanmar à s’opposer à ce coup d’État militaire rapporte Myanmar Now.
« Le public est instamment invité à s’opposer totalement au coup d’État militaire et à résister de manière retentissante contre lui. »
Elle y affirme que les forces armées birmanes « n’ont montré aucune considération pour la pandémie actuelle de Covid-19 » et ajoute qu’elles « ne feront que ramener le pays à la dictature militaire ».
En réponse aux accusations de fraude, le communiqué de presse affirme que le parti a remporté les élections générales de l’année dernière et de l’année précédente, « dans le respect des lois en vigueur ».
L’ancien capitaine de l’armée et membre influent de la LND, Win Htein, estime que ce coup d’État est le résultat des « ambitions personnelles » du chef militaire Min Aung Hlaing, maintenant à la tête du pays.
« Les ambitions personnelles de Min Aung Hlaing ont abouti à ce coup d’État. Ce n’est manifestement pas dans l’intérêt public. Nous avons été témoins de la façon dont notre pays s’est appauvri et est devenu un État paria en raison des précédents coups d’État de 1962 et 1988. »
Toujours d’après Myanmar Now, l’armée a annoncé dans une émission sur la chaîne de télévision Myawaddy que de nouvelles élections générales auraient lieu et que le pouvoir reviendrait au parti « vainqueur ». En attendant, les députés de la LND qui devaient occuper leur siège pour un nouveau mandat, lundi, ont été confinés dans leurs quartiers résidentiels sous surveillance de la police et des soldats.
L’Organisation des Nations Unies a rapidement réagi après ce coup d’Etat, « condamnant fermement » l’arrestation d’Aung San Suu Kyi, il a réaffirmé son « soutien indéfectible au peuple du Myanmar dans sa quête de la démocratie, de la paix, des droits de l’homme et de l’état de droit ».
« Le Secrétaire général condamne fermement la détention du Conseiller d’État Daw Aung San Suu Kyi, du Président U Win Myint et d’autres dirigeants politiques à la veille de la séance d’ouverture du nouveau Parlement du Myanmar. Il exprime sa grave préoccupation concernant la déclaration du transfert de tous les pouvoirs législatifs, exécutifs et judiciaires aux militaires. Ces développements portent un coup dur aux réformes démocratiques au Myanmar. Les élections générales du 8 novembre 2020 confèrent un mandat fort à la Ligue nationale pour la démocratie (LND), reflétant la volonté claire du peuple du Myanmar de continuer sur la voie durement acquise de la réforme démocratique. Le Secrétaire général exhorte les dirigeants militaires à respecter la volonté du peuple du Myanmar et à adhérer aux normes démocratiques, tout différend devant être résolu par un dialogue pacifique. Tous les dirigeants doivent agir dans le plus grand intérêt de la réforme démocratique du Myanmar, s’engager dans un dialogue constructif, s’abstenir de toute violence et respecter pleinement les droits de l’homme et les libertés fondamentales. Le Secrétaire général réaffirme le soutien indéfectible de l’ONU au peuple du Myanmar dans sa quête de la démocratie, de la paix, des droits de l’homme et de l’état de droit. »
Camille Westphal Perrier
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Article initialement publié en février 2021.